Prévertissement

Il aurait sans doute rigolé. Il ne serait sans doute pas venu pour fêter la poésie en rang par deux. Il aurait sans doute dit non. Avec son cœur, avec ses mirettes mutines, avec sa tige de tabac au bout incandescent.
Il aurait encore une fois bien mérité de la poésie : la poésie, ça dit non. Avec le corps et le cœur le poète crée un langage qui d’emblée l’installe en dehors du troupeau, ou au-dessus. Au lecteur de le suivre.
La poésie ça dit non au langage pré-emballé, prêt à consommer, qui ne fait pas de mal, qui orchestre le ronronnement consensuel des troupes aux ordres.
Prévert a dit non, à l’Armée, à l’Eglise, à l’oppression, à l’hypocrisie, en culbutant la langue, en lui déchirant ses vêtements sur mesure, en lui faisant l’amour, rudement et joyeusement.
Soyons à la hauteur de ces exigences de salubrité mentale, de rébellion salutaire. La poésie et le théâtre pour aider les hommes à se libérer des prisons qu’ils se construisent !
Venez redéguster Prévert mis en scène et en musique…